Les cent jours

Publié le par Le Bateau Immobile

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Mercredi 6 juin – vendredi 14 septembre, cent jours nous séparent désormais du départ d’Amsterdam.


Autant dire que l’heure des bilans commence à sonner, de même que la mise en œuvre de tout le travail de passation, transfert de connaissances, savoir faire et autres. C’est clairement fastidieux, mais c’est aussi de ça dont dépend la suite. Il serait pour autant faux de croire que tout est fini, nous avons encore bien des choses à faire et des aventures à vivre. Le pire serait d’entamer un compte à rebours (vu précédemment de la part d’un hivernant depuis parti), la meilleure façon de tourner en rond et de trouver que le temps n’avance pas. Alors qu’au contraire nous sommes une majorité à trouver qu’il file de plus en plus vite, mai ayant été proche de la caricature de ce point de vue, à peine le temps d’un éternuement.


Il paraît bien lointain le temps du départ, de l’escale à Maurice (que nous reverrons sans doute),

Il est vrai que devant nous se poursuit une grande zone de vide. Nous traversons la période de solitude la plus longue de l’année, cinq mois sans visite de navires ou presque, puisque seuls deux sont annoncés pour août, avec les incertitudes habituelles. Auparavant, nous aurons la Midwinter, traditionnel Winter warmer du 21 juin, qui permettra de rompre un peu la monotonie (je vous en reparlerai bientôt). Puis le non moins traditionnel 14-Juillet avec bal des pompiers (comme nous sommes tous pompiers ici, c’est assez naturel), quelques soirées anniversaires … et puis c’est tout.

 

 

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La fuite du temps est d’ailleurs palpable à plusieurs petits signes : les stocks de produits frais sont pour ainsi dire écoulés (la dernière orange a été consommée dimanche), et certaines pénuries commencent à apparaître. Les jardins produisent moins qu’avant, nos salades ressemblent à des modèles réduits, et les tomates à des cerises. Pour ceux qui sont arrivés en septembre dernier, les paquetages ou jeans ont eux aussi subi l’outrage du temps.


Les conditions climatiques aléatoires et le faible intérêt des sorties au long cours (la plupart des oiseaux ont migré, et les otaries désertent de plus en plus l’endroit) limitent encore les possibilités. Le chemin d’Entrecasteaux est par exemple fermé jusqu’en juillet.


Plus que jamais, la base est donc le pivot de la vie locale. Chacun a certes sa tâche à accomplir et doit pour le reste profiter des installations loisirs dont nous disposons : salle de sports (parfaite pour éliminer les petites tensions et/ou le surplus pondéral infligé par nos deux cuisiniers, pour lesquels rien ne peut se faire sans crème !), salle ciné ou plus simplement activités entre hivernants (même si ces dernières restent assez symboliques). C’est maintenant que cultiver son jardin secret prend tout son sens.


C’est aussi un moment critique. Le retour, nous y pensons forcément. Billets d’avion, mutations, vacances, logistique, les occasions sont nombreuses de passer à l’après. Il y a déjà un orteil à bord du bateau (qui pourtant est loin d’être parti de la Réunion, lui !). C’est aussi le moment où une forme de lassitude commence à apparaître. La base n’a plus de secrets pour nous (encore que, on en découvre tous les jours !), la cale ne reçoit pratiquement plus de visites

 Incidemment, c’est aujourd’hui que le transit de Vénus est également visible, pour la dernière fois de ce siècle (voir le petit post ici même « les conséquences inattendues du transit de Vénus »).

 

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Je profite de l’occasion pour envoyer un salut amical à tous les anciens hivernants, récents ou moins récents, qui m’envoient assez régulièrement des messages amicaux. Au-delà des missions spécifiques, nous participons, ou avons tous participé à un effort collectif, un travail d’ensemble, un grand œuvre. Nous sommes donc les héritiers des missions précédentes, comme ceux qui prendront la relève en septembre seront les nôtres aussi, C’est un message que je rappelle régulièrement à la mission en place, et qui j’espère sera perçu par quelques uns. Je sais d’ores et déjà que mon successeur (Pierre, bonjour à toi si tu me lis …) est dans le fil de cette idée.


Le temps passe, la présence de la France demeure ici …


Bonne journée à tous


 

LMGB

 

photos : 1 et 2 LMGB, phylicas en fleur, une saison chasse l'autre, et les beaux mornes de Maurice (j'aime beaucoup cette photo, pas mécontent de l'avoir recasée !), notre toubib, chef de district entre ombre et lumière (elle me fait penser aux ombres figées de Nagasaki, là le temps s'était arrêté)

Publié dans VIE QUOTIDIENNE

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M
un petit air nostalgique... En tout cas la fin de tes aventures ici,me manquera. un peu comme un bon livre que l'on termine à regret. Mais nous n'en sommes pas encore là.
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L
<br /> <br /> il nous reste encore de la route à faire, un océan à traverser ... avant de connaître d'autres horizons, d'autres émotions !<br /> <br /> <br /> <br />